Carrade
Michel Carrade
La vibration de la couleur, de la forme à l’espace
Peintre de la lumière et des forces invisibles, Michel Carrade développe depuis les années 1950 une œuvre où la couleur n’est jamais simple surface, mais un champ vivant en interaction permanente avec l’espace et le spectateur.
Des débuts construits : la tension de la forme
Dans ses premières toiles, comme La ville morte (1952), Carrade explore un vocabulaire proche du cubisme et de l’abstraction lyrique. Les volumes s’y imbriquent dans une architecture fragmentée, où ocres et jaunes, contrastés par des bruns et bleus profonds, construisent des paysages urbains tendus, porteurs d’une mémoire à la fois tangible et déjà en ruine. Ces compositions témoignent de son intérêt précoce pour la structure interne d’une œuvre et pour les forces qui la traversent.
Les années 1960 : la couleur comme espace
Avec les séries Nappe d’espace (1968–1969), Carrade délaisse la fragmentation pour se consacrer à de larges champs chromatiques verticaux. Les couleurs y vibrent, fusionnent ou se heurtent, créant des « nappes » où la lumière circule et pulse. La couleur devient alors matière et rythme, produisant une sensation de mouvement continu qui engage pleinement le spectateur.
Maturité : l’horizon vibrant
Dans ses œuvres plus tardives, comme Sans titre (1998–1999), la composition s’ouvre sur de vastes bandes horizontales. Dégradés subtils et aplats intenses installent un équilibre entre calme méditatif et énergie lumineuse. Chaque nuance agit par résonance, se charge d’énergie et la restitue, révélant ce que Carrade nomme un « champ spatio-énergétique ».
Une peinture qui fait vibrer
Carrade ne cherche pas à imiter la nature, mais à traduire l’élan vital qui anime toute chose. Sa peinture se nourrit de tensions, de résonances et de pulsations colorées qui transforment autant le regardeur que l’œuvre elle-même. Comme le disait Cézanne, « l’œuvre n’est plus alors celle que fait le peintre, mais celle qui fait le peintre ».
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